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Habiter la terre

Un air du terroir

Le projet se donne de construire une architecture profondément en relation avec la terre et le sous-sol de Vassivière. L’espace intérieur, sa qualité chimique et physique, est ici un produit du terroir, littéralement produit dans la terre. Produire la chaleur dans la terre, la cuire avec l’énergie géothermique, rafraîchir l’air au sein de l’obscurité froide du sous-sol, habiter et respirer la qualité d’un sous-sol, celui de la terre de Vassivière. Ce qui est recherché, c’est avant tout une qualité de l’air, une certaine fraîcheur, que l’on va puiser sous la terre, que l’on stocke dans l’inertie du sol, comme si nous arrivions à donner à l’air intérieur de ces maisons un goût terreux, une tonalité légèrement brunâtre. Ce que l’air aura gagné de la terre en réalité, c’est une qualité thermique, une chaleur qu’elle y aura puisée. Descendu dans le sous-sol de Vassivière, l’air se réchauffera en hiver et se rafraîchira en été. À l’architecture verticale des maisons de l’air, le projet se développe ici dans l’horizontalité de la terre, dans la succession des mouvements de l’air, du profond au surélevé, du sombre au lumineux, d’un air neuf à un air vicié. Le projet se fonde dans le sol, se construit en matériaux lourds et froids au toucher car de forte inertie thermique, reproduisant en cela le principe d’inertie de la terre elle-même. Mais le projet refuse de s’enterrer réellement. Les espaces s’ouvrent au paysage et à la lumière. La maison possède aussi des fenêtres dans les dalles de sol, donnant sur un paysage d’air de terre qui se déploie en dessous. En réalité, seul l’air a un arrière-fond de fraîcheur terreuse. Car c’est à travers les éléments invisibles de l’architecture que la relation à la terre s’établit, dans sa chaleur ou sa fraîcheur, dans la qualité de son air. La maison se construit sur un stock d’air frais et propre, contenu au sous-sol de la maison, dans l’épaisseur de la terre. C’est un paysage souterrain mais c’est aussi un climat utilisable comme l’était la cave ou la grotte où l’on conservait le vin. Comme un réservoir, ce volume est alimenté par de l’air propre qui a transité sous la terre pour se tempérer. À quelques mètres de profondeur, la terre a une température à peu près constante toute l’année d’environ 8 degrés. Avec un système de puits canadien, c’est cette tiédeur que l’on vient chercher, pour refroidir l’air en été ou au contraire le réchauffer en hiver. L’air est tiré depuis l’extérieur, à plus de 25 mètres de la maison. De là, il s’engouffre sous la terre, se laisse gagner par la chaleur constante de la terre, par ces 8 degrés, pour se dilater finalement dans le sous-sol de la maison.

Ce qui est chauffé dans la maison, c’est seulement ce sous-sol, enterré, parfaitement isolé, dont la température sera tempérée toute l’année autour de 21° par un chauffage par le sol installé dans le sol de cette cave chaude. Alimenté par une pompe à chaleur, le chauffage diffuse donc une chaleur produite dans la terre, qui se communique à l’air du sous-sol. En hiver, ce sera un air plus chaud que l’extérieur, en été, ce sera un air plus froid. Cette masse d’air tempérée forme une sorte de coussin d’air tempéré communiquant sa chaleur par conduction aux pièces d’habitation au-dessus. L’air du sous-sol, tempéré, frais et propre est ensuite pulsé dans les pièces d’habitation. La maison s’organise dans la gestion du parcours de l’air. Elle propose un système de renouvellement d’air contrôlé qui s’organise en cascade, de l’espace nécessitant l’air le plus propre (la chambre) à l’espace le plus vicié (les toilettes). L’air communique son oxygène aux habitants et se charge en retour de CO2. Propre au départ, il passe ainsi dans la chambre, puis le séjour, puis la cuisine, puis la salle de bain, puis les toilettes avant de ressortir, vicié. La typologie de l’habitation est donc réévaluée en fonction de la distribution de l’air dans la maison, de l’espace où l’air est le plus propre à celui où il est le plus vicié. On habite alors cette qualité de l’air, on se déplace dans la maison en fonction de qualité de l’air qui est recherché. On migre entre des qualités différenciées de l’air. En cela, on répond également à la cible 13 « Qualité sanitaire de l’air » de l’association HQE en assurant à l’intérieur de la maison un renouvellement constant de l’air et en limitant ainsi les pollutions de l’air intérieur. L’ambition de ce projet est donc de construire une architecture qui entretien un lien à la fois physiologique et sensuel avec le terrain et son sous-sol, une architecture qui s’inscrit dans le lieu, dans sa géologie, à respirer.

equipe

Jérôme Jacqmin, Alexandra Cammas, Cyrille Berger, Irene D'Agostino

partenaires

Weinmann Energies

maître d'ouvrage

Symiva Vassivière

lieu, date

Vassivière en Limousin, France, 2005

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