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Géologie blanche

Un certain taux de réverbération

La géologie blanche projetée pour La Force de l’art 02 la deuxième triennale d’art contemporain au Grand Palais à Paris, n’est en réalité rien d’autre qu’un travail sur la réverbération d’un arrière-plan, sur l’émissivité du blanc, un certain taux de réflexion optique, en retrait. La matière de cet arrière-fond n’a d’autre importance que celle d’offrir un taux élevé de réverbération, à 80%, où se diffracte, s’uniformise et s’homogénéise la lumière. C’est un paysage blanc, un white cube muséal déplié sur lequel et devant lequel prennent place, en premier plan, les œuvres d’art posées comme des objets naturels. Les formes et les couleurs particulières des œuvres se détachent et se mettent en valeur sur ce fond uniforme, neutre et blanc où sont gommées les notions d’horizontalité et de verticalité. C’est une géologie réduite à quelques éléments, blanche.

Plus qu’un projet architectural, nous proposons un processus géologique appauvri, généré par la force des œuvres d’art elles-mÍmes. C’est d’abord une surface dans l’espace, un rectangle blanc de 125 m par 24 m qui va commencer à se déformer, à se creuser, à enfler selon un jeu de forces propre au langage géologique de formation du paysage par mouvements tectoniques, déformations, pressions et dépressions, plissements. Ici, ce sont des forces abstraites qui sont à l’origine des mouvements et des déformations plastiques de ce territoire, celles des œuvres d’art elles-mÍmes. A chacune des œuvres sont donnés un mÍme espace et un même volume au départ. Puis, en fonction de leurs dimensions physiques et de la distance nécessaire entre elles et l’observateur, elles vont commencer à se pousser les unes les autres dans un mouvement similaire à celui de la tectonique des plaques. En fonction de leur poids et de la quantité de lumière exigée, elles vont déformer la surface, la creuser ou la gonfler, y faire surgir des volumes ou l’enfoncer.

C’est donc un appareil muséographique inversé qui est proposé: ce n’est pas l’œuvre d’art qui s’adapte à l’architecture, mais l’architecture qui se plie aux exigences de l’œuvre d’art. Dans un jeu de mouvements mutuels de poussées et d’équilibres réciproques et simultanés, les œuvres vont ainsi, ensemble, provoquer le surgissement d’un paysage. Un paysage qui se transforme, se creuse et se gonfle, accueillant en-dessous des espaces extraits de la lumière naturelle du Grand Palais et, au-dessus, des espaces ouverts aux variations naturelles de la lumière solaire. Superficielle, objective, sans profondeur et sans mystère, la surface de la géologie a un taux de réverbération similaire à la neige, à 80%, où se dissipent ombres et modénatures.

L’architecture ne construit pas des images et des fonctions, mais ouvre des climats et des interprétations. Travailler sur le vide, sur l’air et la lumière, sur les phénomènes de réflexion, d’effusivité, de réverbération comme autant de conditions météorologiques légères et fluctuantes, lesquels deviennent les nouveaux paradigmes de l’architecture contemporaine. Passer de la composition métrique à la composition thermique, de la pensée structurelle à la pensée climatique, de la pensée narrative à la pensée météorologique.

Equipe

Andrej Bernik, Irene D'Agostino, Jeanne Guerin, Caroline Spielvogel

maître d'ouvrage

Centre national des arts plastiques, Réunion des musées nationaux, Ministère de la culture

lieu, date

Grand Palais, Paris, France, 2009

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